Handicaps invisibles : des agents témoignent
Découvrez le témoignage inspirant de Sébastien dans le cadre de la campagne 2024 du ministère "Stop aux jugements hâtifs".
Sébastien, agent en administration centrale, nous livre son ressenti et son expérience dans le cadre de la campagne de sensibilisation aux handicaps invisibles "Stop aux jugements hâtifs" du ministère chargé de l’agriculture.
Comment vous sentez-vous sur votre poste de travail, au sein de votre service et au sein du ministère ?
Le handicap est bien pris en compte au ministère. Je m’y sens très bien, il n’y a pas de sujet. Je vois bien que les choses avancent, que des actions sont menées et c’est intéressant de voir cette mise en place. Lors de précédentes expériences dans l’administration, j’ai pu participer à un atelier de théâtre d’improvisation sur le handicap au travail, une manière originale et légère d’aborder ce sujet. C’est une action de sensibilisation à refaire ! Et dans mon service, je n’ai aucun souci lié au handicap. C’est un sujet qui est bien traité, et l’environnement est bienveillant.
Les compétences c’est une histoire de management, d’individu, d’envie, d’accompagnement… Une personne en situation de handicap a les mêmes compétences qu’une autre. Les compétences ne s’expriment pas de la même façon, et l’enjeu est de savoir les prendre en compte et de les mettre en valeur. Par exemple, une personne autiste peut voir et comprendre les choses sous un prisme différent. Le handicap, s’il est bien pris en compte, peut enrichir et apporter une autre vision des choses, une réflexion différente : c’est une source de dynamisme.
Nous avons besoin d’un autre regard pour avancer !
De votre point de vue, en quoi le collectif de travail et le manager peuvent-ils faciliter l’accueil et l’intégration d’une personne en situation de handicap ?
Je pense qu’il ne faut pas mettre les personnes dans des cases et que donc, il n’y a pas de différence à faire. Il faut accueillir la personne comme les autres, comme une personne à part entière et lui donner de bonnes conditions de travail adaptées à son handicap. C’est là où le rôle du manager est important, il est responsable de l’intégration des collaborateurs dans son équipe et du bien-être des agents dans leur environnement de travail. Quand tout le monde a sa place dans une équipe, il n’y a pas de sujet, et nous nous tirons tous vers le haut.
Dans certaines situations, le handicap peut poser question. Il est alors crucial d’instaurer un dialogue, sans jugement, entre le manageur et l’agent. C’est une relation de confiance à mettre en œuvre qui soit dénuée de toute suspicion. En effet, la prise de parole des personnes concernées peut parfois être compliquée car le handicap est encore un sujet tabou dans notre société. Il y a une crainte d’être jugé car la différence fait peur.
Nous pouvons penser que manager une personne en situation de handicap prend du temps, est compliqué, alors que c’est faux : il faut savoir s’organiser et mettre des choses en place si nécessaire, mais comme avec n’importe quel collaborateur.
Dans tous les cas, il est important de rappeler que déclarer ou non son handicap relève de la liberté de chacun.
Auriez-vous un message à faire passer auprès de personnes concernées, au regard de votre propre expérience ?
Je dirais que le handicap n’est pas à frein au travail, chacun a sa singularité qui peut être efficiente pour tout le monde. Ce n’est pas parce qu’on a un handicap que l’on n’a pas la même motivation ni la même envie. D’ailleurs, parfois les personnes en situation de handicap sont plus performantes que les autres car elles doivent fournir plus d’effort pour y arriver, elles ont plus « la niaque ».
Nous pouvons être tout aussi performant avec ou sans handicap. On le voit notamment dans le sport. Mathieu Thomas, champion de para-badminton, sportif professionnel de haut niveau, a déclaré lors de sa dernière conférence au ministère : « chacun son sommet ! ».
De plus, nous ne savons pas ce qui peut nous arriver dans la vie, tout le monde peut connaître une situation de handicap. L’importance c’est la bienveillance et l’humain, nous avons tendance à l’oublier… Ce n’est pas de la pitié mais de l’entraide. Il faut prendre les gens comme ils sont et ne pas les juger.
Pour terminer, essayons chacun d’être un peu moins « Tamalou », expression bien connue quand on a un petit tracas. Nous avons tous des leçons à tirer des personnes en situation de handicap, humainement et en termes de résilience.