Handicaps invisibles : découvrir le témoignage de Nathalie

Découvrez le témoignage inspirant de Nathalie, agent en administration centrale. Elle nous livre son ressenti et son expérience dans le cadre de la campagne de sensibilisation aux handicaps invisibles.

Comment vous sentez-vous sur votre poste de travail, au sein de votre service et au sein du ministère ?

J’ai 38 ans de maison et ma dyslexie a été reconnue comme un handicap il y a 4 ans. Petite, ma dyslexie était perçue comme de la bêtise et un manque d’effort de ma part. Mes parents se sont battus pour que j’ai un parcours scolaire normal et j’ai été suivie par une orthophoniste. Aujourd’hui, je suis gestionnaire de corps et ai obtenu la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Et grâce à l’intervention de la référente handicap nationale du ministère, je vais avoir un aménagement avec l’installation de logiciels pour être complètement indépendante pour l’écriture.

Mon handicap désormais reconnu, mon objectif de fin de carrière est de passer catégorie B pour valoriser mes compétences et mon ancienneté. J’effectue déjà le travail d’une personne en catégorie B, mais sans la reconnaissance qui va avec et je pense que c’est lié à ma situation de handicap. C’est une vraie souffrance. J’ai passé plusieurs concours où j’ai eu des notes honorables, mais sans accompagnement c’est difficile.

J’estime que je suis compétente. Je cadre beaucoup mon travail, je suis concise et organisée. Je suis reconnue au sein de mon service et mes cheffes sont tout à fait conscientes de mon handicap.

De votre point de vue, en quoi le collectif de travail et le manager peuvent-ils faciliter l’accueil et l’intégration d’une personne en situation de handicap ?

Avant je ne voulais pas faire la demande de RQTH. Depuis toujours, j’ai appris à cacher ma dyslexie. Pour moi et bien souvent, pour ma génération, être handicapé c’est être en fauteuil roulant.

Tout au long de ma carrière, plusieurs chefs m’ont proposé de me faire reconnaître RQTH, mais je n’étais pas prête. J’ai eu le déclic lorsqu’une ancienne cheffe m’a demandé de remplacer la secrétaire de direction. Avec ma dyslexie et sans accompagnement, ce poste m’aurait mise en grande difficulté. Pour la première fois j’ai osé dire non mais j’ai vécu l’incompréhension de ma situation comme une agression, je me suis sentie très mal. Ça a d’abord été une claque puis j’ai pris ça comme une aide.

Deux de mes collègues m’ont convaincue de demander la RQTH et l’une d’entre elles m’a aidé dans cette démarche qui n’est pas simple.

Mon message pour la hiérarchie et pour les collègues, c’est qu’il faut de la bienveillance, de l’écoute et du dialogue. En tant que cheffe, il faut savoir jeter la première pierre, puis revenir un peu plus tard pour, si besoin, accompagner et soutenir la personne concernée. Car parfois on n’est pas prêt à entendre. Ça demande du temps de réflexion et du courage pour avancer.

Auriez-vous un message à faire passer auprès de personnes concernées, au regard de votre propre expérience ?

Je dirais qu’il faut se faire reconnaître, c’est important. Ça ne coûte rien et ça permet d’avoir des aides. Il ne faut surtout pas rester tout seul, mais s’entourer des bonnes personnes.

Tout au long de ma carrière, je me suis beaucoup débrouillée seule. Je me suis souvent sentie isolée et abandonnée. Mon mari, des collègues proches, ma hiérarchie et la référente handicap nationale ont su trouver les bons mots et m’ont soutenue. Grâce à eux, je me sens désormais épanouie. L’aménagement de mon poste de travail est un bon exemple. Avant, sans logiciel je faisais des fautes et je pouvais être confrontée à des commentaires désagréables, comme par exemple « même ma fille de 10 ans ne fait pas autant de fautes ». On se sent rabaissé et à partir d’un certain âge, on ne supporte plus ces humiliations gratuites.

Maintenant je suis heureuse d’être bien reconnue dans le monde du travail. Je me sens mieux intégrée et soutenue. Je suis fière de qui je suis et je me sens à ma place. Ce n’est pas parce que l’on a un handicap que l’on travaille moins que les autres, bien au contraire. Aujourd’hui, je dis que j’ai « un petit plus », ma différence fait de moi qui je suis et c’est tant mieux.


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