Résultats étude 2025 : personnes en situation de handicap et monde du travail

À l’occasion de la 29ème Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), les trois partenaires LADAPT, l’Agefiph et le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) dévoilent les résultats d’une étude très riche en enseignements.

Principaux enseignements de l’état des lieux

Cette étude conduite par l’IFOP (Institut français d’opinion publique) a été réalisée auprès de plus de 7 800 personnes en situation de handicap.

Elle dresse un état des lieux inédit du monde du travail pour les personnes en situation de handicap et souligne les enjeux d’un emploi plus inclusif et respectueux de la santé mentale.

Consulter le communiqué de presse "Emploi et handicaps : entre acquis et nouveaux leviers, étude de l’IFOP pour le compte de LADAPT, de l’Agefiph et du FIPHFP, disponible sur le site de la SEEPH accompagnée de l’infographie présentant les résultats de l’étude 2025.

Vingt ans après la loi de 2005 : des progrès réels mais insuffisants

Deux décennies après son adoption, la loi du 11 février 2005 reste un jalon essentiel pour les droits des personnes en situation de handicap, mais ses effets concrets demeurent limités.

  • 60% des personnes en situation de handicap interrogées reconnaissent des avancées, mais seules 12 % évoquent de « véritables changements majeurs ».
  • Pour 41% des personnes, l’égalité professionnelle signifie avant tout « être reconnu pour ses compétences sans préjugés ».

Le principal combat n’est donc plus juridique, mais sociétal : il s’agit désormais de faire évoluer le regard porté sur le handicap. Cette perception mitigée traverse l’ensemble des situations, avec une satisfaction particulièrement faible chez les personnes en situation de handicap psychique (55 %) et celles vivant avec un multi handicap (53 %).

Le recrutement : un parcours semé d’embûches

L’accès à l’emploi demeure un défi majeur.

L’étude révèle que les personnes en situation de handicap font face à des pratiques discriminantes :

  • 81 % ont essuyé des refus sans explication,
  • 57 % ont subi des questions intrusives,
  • 62 % reconnaissent avoir caché certains aspects de leur handicap lors du processus de recrutement.

Plus préoccupant encore : 36 % des personnes interrogées, et jusqu’à 40 % de celles ayant un handicap psychique, choisissent de ne pas déclarer leur handicap lors du recrutement. Cette stratégie de « l’invisibilité forcée », motivée par la crainte de discrimination, a des conséquences lourdes : elle prive d’emblée les personnes des aménagements nécessaires et fragilise leur intégration.

Une carrière bridée par l’autocensure

Une fois en poste, les perspectives d’évolution restent limitées.

  • 70 % des personnes en situation de handicap n’ont obtenu aucune promotion au cours des cinq dernières années, contre 58 % dans l’ensemble de la population salariée française.
  • lors de leur recherche d’emploi, seules 56 % accordent de l’importance aux perspectives d’évolution, contre 65 % des autres collaborateurs.
  • Pour près d’une personne sur deux (46 %), les transitions professionnelles constituent le moment où le handicap pèse le plus. Changer de poste ou d’employeur signifie souvent perdre les aménagements acquis et recommencer un parcours d’adaptation difficile.

Une inclusion à deux vitesses

L’étude met en évidence des disparités considérables selon la taille et les moyens des employeurs.
Les cadres (75 %) et les collaborateurs des organisations de plus de 250 personnes (71 %) bénéficient plus souvent d’outils adaptés, contre seulement 43 % des ouvriers.

Le référent handicap apparaît comme un levier déterminant : 76 % des collaborateurs qui en bénéficient disposent d’outils adaptés, contre 53 % sans référent. Sa présence transforme significativement l’expérience vécue en facilitant la mise en place effective des aménagements et en créant un climat de confiance.

L’insécurité psychologique : un frein invisible mais majeur

Au-delà des aspects matériels, l’étude révèle une fragilité persistante : l’insécurité psychologique au travail.

  • Seulement 67 % des personnes en situation de handicap se sentent en sécurité pour signaler un problème sans craindre de représailles, contre 73 % des collaborateurs en général.
  • Plus inquiétant : 58 % déclarent ne pas pouvoir évoquer leur santé mentale sans redouter des conséquences négatives.

Ce climat de méfiance explique pour quelle raison, lors de la recherche d’emploi, les personnes en situation de handicap se montrent particulièrement attentives à la bienveillance de l’employeur (76 % contre 70 %) et à sa politique d’inclusion (69 % contre 54 %).

Les engagements du FIPHFP pour une fonction publique exemplaire

Face à ces constats, le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), l’Agefiph et LADAPT appellent l’ensemble des employeurs à renforcer concrètement leur politique d’inclusion en :

  • Généralisant la présence d’un référent handicap dans toutes les organisations
  • Développant les aménagements raisonnables : adaptation des outils, compensation, télétravail
  • Valorisant les compétences au-delà des préjugés, notamment par l’équité salariale et les promotions
  • Formant les managers à l’accompagnement des troubles psychiques et à la santé mentale au travail.

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