Caroline Schechter, Haute fonctionnaire en charge du handicap et de l’inclusion au ministère
Inspectrice générale en poste au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), elle a été nommée Haute fonctionnaire en charge du handicap et de l’inclusion au ministère par Didier Guillaume le 21 juin 2019.
Handicap - "Nous devons faire avancer les choses en interministériel"
Avant d’aborder sa vision de la politique à mener au sein du ministère pour faire bouger les lignes en faveur de l’accessibilité et de l’inclusion des personnes en situation de handicap, nous avons voulu connaître son parcours professionnel, et sa sensibilité personnelle concernant le monde agricole.
"J’ai la fibre agricole"
En 1985, tout juste sortie de Sciences Po, on lui a proposé deux postes : l’un dans une banque, l’autre au sein d’une organisation agricole socio-professionnelle au Parlement européen, comme lobbyiste. Elle n’a pas hésité une seconde ! "L’agriculture c’est mon âme, c’est un secteur très à part, j’en connais les codes mais aussi toutes les difficultés. Mes parents étaient agriculteurs, mes frères aussi, toute ma famille est issue du monde rural", confie-t-elle. En 1988, elle rejoint le conseil économique, social et environnemental (CESE) et devient attachée du groupe de l’agriculture. Tout d’abord chargée de la rédaction de discours, elle se verra confier différentes missions, et notamment la responsabilité du suivi du volet agricole de la commission réunissant le CESE et le Parlement national chinois, l’amenant à se rendre en Chine à plusieurs reprises. Elle y restera 21 ans, avec un engouement sans borne, trouvant dans ses fonctions successives une satisfaction intellectuelle toujours renouvelée. En 2009, elle devient Inspectrice générale de l’agriculture au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
"Je suis quelqu’un de très volontaire"
C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle a accepté sa mission de Haute fonctionnaire en charge du handicap et de l’inclusion au ministère il y a quelques mois. Son périmètre : les directions d’administration centrale, les services déconcentrés, les établissements d’enseignement agricole, les opérateurs… Son sujet : l’accueil des publics extérieurs, pour lequel elle aimerait encourager une formation spécifique à l’accompagnement des personnes handicapées, pour une meilleure écoute. En ce qui concerne les actions à mener auprès des agents du ministère, c’est le pôle handicap du bureau d’action sanitaire et sociale (BASS) qui intervient. Deux volets complémentaires d’une même politique.
"Je souhaite m’appuyer sur ce que j’ai appris de mes origines, de mon parcours professionnel et de la vie, à titre plus personnel, pour faire bouger les choses", dit-elle. "Il y a encore beaucoup à faire pour les personnes en situation de handicap. C’est très stimulant. Je suis quelqu’un de très volontaire. On attend de moi des résultats concrets. Le ministère doit se montrer exemplaire sur ce sujet !"
"Nous devons faire de notre réseau une force"
Sa mission est triple : dresser un état des lieux de ce qui se fait au ministère en faveur des personnes handicapées, suivre les travaux législatifs pour s’assurer qu’ils tiennent compte des contraintes liées au handicap, quel qu’il soit, et faire progresser les dossiers à l’échelle interministérielle. "Avec mes homologues des autres départements ministériels, nous devons avancer de concert et faire de notre réseau une force pour mener des actions concertées", précise Caroline Schechter. "Avant de rentrer dans les dossiers, j’ai multiplié les rencontres avec nos principaux partenaires institutionnels : Carole Bousquet-Bérard la directrice de cabinet de Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, Céline Poulet la secrétaire générale du Comité interministériel au handicap, ou encore Sophie Rattaire, la coordinatrice interministérielle des référents handicap. Par ailleurs, je vais rencontrer très prochainement les acteurs les plus engagés du secteur agricole", explique-t-elle, consciente de son intérêt à creuser son sillon pour ne pas jamais rester isolée.
"L’accessibilité numérique est un gros chantier"
Un projet a déjà retenu toute son attention : la création d’une plateforme numérique permettant aux personnes sourdes ou malentendantes de passer des appels téléphoniques, grâce à l’aide d’un interprète. Le principe est simple : après que la personne ait transmis son message par mail ou en langage des signes par vidéo conférence, un interprète contactera le service demandé (au sein de l’administration ou d’un établissement d’enseignement agricole par exemple) et la conversation s’engagera. "Le ministère de la culture a déjà expérimenté ce logiciel avec succès. S’équiper d’un tel outil, c’est se mettre en conformité avec les termes de l’article 105 de la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique. C’est un gros chantier, techniquement il faut que l’on s’organise, et que ce soit accepté par tous. Mais c’est indispensable !"
Et elle n’est pas prête de se décourager ! "J’avance, nous verrons bien. Je ne mesure sans doute pas toutes les difficultés qui m’attendent mais je suis prête à pousser bien des portes pour aller à l’encontre des idées reçues et des habitudes. Je suis tenace et combattive", conclut-elle.